Pour résorber les 17 milliards d’euros de déficit du système des retraites d’ici 2025, l’Institut Montaigne estime qu’il faut que les Français partent à la retraite huit à neuf mois plus tard qu’aujourd’hui. 

Voilà une contribution qui risque d’alimenter les débats. Alors que les partenaires sociaux ont été invités par le premier ministre Édouard Philippe à trouver d’ici fin avril, dans le cadre d’une conférence de financement, des solutions pour restaurer l’équilibre financier du système français des retraites en 2027, l’Institut Montaigne propose, dans une note diffusée le 6 mars 2020, de repousser purement et simplement le départ des Français à la retraite. 

Le « think tank » commence par rappeler qu’en matière de retraites, il existe seulement trois leviers financiers possibles : le niveau des cotisations, le niveau des prestations et la durée de cotisation. Une hausse des cotisations vieillesse permet d’accroître mathématiquement les recettes des régimes. Pour résorber le déficit du système des retraites estimé autour de 17 milliards d’euros en 2025, il faudrait relever les cotisations de 1,5 point.

Ne pas baisser le pouvoir d’achat des retraités

L’Institut Montaigne pointe que cet alourdissement des charges sociales va éroder la compétitivité des entreprises françaises et risque d’augmenter le chômage, les employeurs hésitant davantage à recruter à cause des coûts du travail. Selon le laboratoire d’idées d’obédience libérale, qui s’appuie sur plusieurs études prospectives, dont celles du Trésor et de l’Insee, la hausse de 1,5 point engendrerait une baisse de 1 point du produit intérieur brut (PIB), « peu envisageable dans un contexte de croissance morose d’environ 1% ».

La diminution des prestations, c’est-à-dire des dépenses, semble également guère envisageable aux yeux de l’Institut Montaigne. S’il ne s’agit pas de baisser le montant des retraites, mais plutôt de les revaloriser en dessous de la hausse des prix à la consommation, cette sous-indexation par rapport à l’inflation pèserait sur le pouvoir d’achat des retraités. Or, la consommation constitue le moteur principal de la croissance française, souligne le think tank.

Un âge moyen de départ déjà supérieur à 62 ans

D’où son idée de jouer sur le troisième levier, celui de la durée de cotisation. Il est particulièrement efficace : en obligeant les assurés à travailler plus longtemps, ces derniers cotiseraient davantage et percevraient moins de prestations dans le temps. Cela se traduirait par plus de recettes et moins de dépenses pour les régimes.

L’Institut Montaigne a calculé qu’en décalant de 0,8 année, soit entre 8 et 9 mois, le départ à la retraite, le gain s’élèverait à 15 milliards d’euros, de quoi assurer l’équilibre du système. « Nous ne parlons pas d’une retraite à 66-67 ans, âge qui devient la norme dans les pays européens : il s’agit de mettre en balance ‘seulement’ deux à trois trimestres supplémentaires d’âge moyen de départ à la retraite », illustre le think tank.

Les Français liquidant en moyenne leurs droits à un peu plus de 63 ans, le départ à la retraite serait donc repoussé à 64 ans. Si l’âge minimum d’ouverture des droits est fixé à 62 ans, rien n’empêche, en effet, les assurés de partir plus tard. D’ailleurs, la plupart d’entre eux attendent d’avoir validé tous leurs trimestres de cotisation et toucher ainsi une pension complète (une décote de 1,25% est appliquée par trimestre manquant). C’est ce qui explique pourquoi l’âge réel de départ à la retraite est d’ores et déjà supérieur à 62 ans.